mercredi 7 mai 2008

Quel avenir pour l'université?

Bien des choses ont changé depuis quelques années dans notre bon vieux système universitaire. Sous prétexte d'uniformisation et de modernisation, plusieurs réformes ont été entreprises. LMD, pour l'uniformisation européenne et dernièrement une fabuleuse loi sur l'autonomie augmentant de manière substantielle les pouvoirs des présidents d'université. La professionnalisation des cursus commence elle aussi à se mettre en œuvre. La voie de la modernisation semble alors toute tracée, entre autonomie et entreprises... Dans ce cadre, un brillant projet a vu le jour, la création des pôles d'excellences. 10 sites français auront l'immense privilège d'avoir bientôt droit à un statut spécial. Réjouissons nous, les Oxford, Harvard et autres Cambridge seront bientôt à notre portée, car nous allons avoir notre propre élite universitaire.
Système réellement idyllique, mais qui va se retrouver sur le bas coté? Car nous nous écartons peu à peu des routes pavées de l'universalisme pour nous aventurer petit à petit vers le monde de la concurrence.

Nous ne sommes pas les premiers à critiquer notre évolution universitaire, et nous ne serons sans doute pas les derniers à le faire, mais nous tenions à rappeler que nous refusons une dérive du système universitaire vers la course à la performance.

Car concrètement la création de 10 pôles d'excellence va contribuer à l'établissement de "facs poubelles" moins cotées, autonomes et donc priées d'assurer elles-mêmes leur subsistance. Combien d'universités de province et de filières jugées non rentables sentent s'approcher la lame qui exécutera la sentence de leur disparition?

Cette réelle inquiétude se manifeste de manière très concrète, l'université Dauphine a augmenté de manière conséquente ses droits d'inscriptions. Et dans notre bon vieux landernau bordelais des querelles de pouvoirs s'ourdissent dans l'ombre. Le projet du PRES de faire des universités de Bordeaux une entité unique nous fait nous questionner. Que va devenir Bordeaux 3, université de Lettres perdue dans un pôle où elle n'a que la portion congrue? Menée de main de main de maitre par un président s'étant fait réélire avec l'aide des personnalités extérieures dans le but de finaliser les démarches d'autonomisation, on peut supposer qu'elle sonnera bientôt le glas de plusieurs filières.

Mais il en est ainsi de la globalisation qui ne voit que les chiffres et qui veut transformer l'université en ersatz d'école supérieure.

Et dans toutes ces réformes pas un mot une fois encore sur la qualité de l'enseignement... Il n'est affaire que de débouchés et d'efficacité. Pourquoi la question d'un engagement massif de l'Etat non dans dix pôles d'excellence mais sur toutes les universités françaises n'est pas à l'ordre du jour? Pourquoi la même qualité ne serait pas offerte à tous, dans les principes du service public? Sommes nous à tel point résignés que nous allons tranquillement laisser les réformes d'autonomie suivre leur cours? N'est-ce pas à nous étudiants de nous battre pour que notre message soit entendu, celui d'une université pluraliste donnant accès à un enseignement de qualité pour tous?

Nous pensons que tel est notre devoir, le 15 et le 22 mai sont prévues des journées d'action sur l'éducation et sur les retraites. Cela fera aussi 40 ans que se sont déroulés les événements de mai 68. Nous invitons dès demain tous les étudiants à venir nombreux faire entendre leurs voix et montrer que les idéaux de 68 sont toujours présents, qu'après que nos parents se soient battus pour une autre université, nous puissions nous aussi faire en sorte d'avoir une université critique et ouverte à tous.