mardi 4 décembre 2012

Compte rendu du CA sur le vote du budget !


« A long terme, nous serons tous mort »
Ou comment les étudiants s’opposèrent “par plaisir” au budget.


             Le CA, en ce lundi après-midi, affichait presque complet.
Quelques personnalités extérieures ne prirent pas la peine de se déplacer, dont la mairie de bordeaux et la CUB qui confièrent leur voix  au président de l’Université ! Rien ne sert de rappeler notre hostilité sur la question du droit de vote des personnalités extérieures. Cette règle fausse le jeu démocratique et écrase un peu plus le poids des étudiants et des personnels. Ainsi, M. Lung disposait de trois voix quant son VP M. Dupuy en totalisait deux, soit un capital de cinq voix pour l’exécutif, une force de frappe a laquelle il faut ajouter la voix prépondérante du président en cas de partage des voix !  No comment.

        Tuons dans l’œuf le suspens immédiatement, le budget fut voté avec 2 abstentions, 5 contre et 22 pour. Nous reviendrons sur le débat et le vote du budget mais, avant cela, il convient d’évoquer le premier sujet à l’ordre du jour. Un sujet grave et sérieux, le harcèlement sexuel a l’université ! Outre, la présentation d’une procédure d’alarme en cas d’incident, montrant la volonté de l’équipe présidentielle de traiter avec sérieux (et juridiquement) la question, il y eut un vrai coup de gueule de la chargée de mission a l’égalité homme-femme. Mme Castaing rappela, à juste titre, que le harcèlement sexuel a la fac n’est pas une affabulation féministe mais bien une réalité abjecte surtout quant on apprend que des étudiants se masturbent en amphithéâtre (je ne fais que rapporter) ou qu’un prof de l'IEP a été interdit de BU pour y avoir harcelé une étudiante (l’ombre laissée sur cette affaire a  attisé notre curiosité, d’autant que le prof en question, si les faits sont avérés, s’en sort scandaleusement bien)...  Le règlement intérieur fut modifié pour intégrer un chapitre sur l’égalité homme-femme et la lutte contre le harcèlement sexuel ainsi qu’un article sur le bizutage (mise en conformité avec le Code pénal pour l’essentiel). Pour finir sur le harcèlement sexuel, l’une des difficultés est certainement d’en parler, mais l’important est certainement de ne pas se taire, il y a des interlocuteurs et désormais une procédure pour faire remonter l’information!

     Vint ensuite le débat sur le budget.
 Il y eut de tout: une barre de rire générale, une douche froide offerte par le rectorat, des épouvantails de dressés, des attaques pas toujours intelligentes ni à propos, bref un débat. Un débat ou la représentante du rectorat fit une intervention remarquée, expliquant chiffres à l’appui que certains calculs de la présidence étaient faux, que le budget était beaucoup trop optimiste, et qu’il ne fallait pas compter obtenir de l’Etat ce que l’on attendait de lui. Même si nous sautons toujours au plafond lorsqu’on entend de la bouche de ses représentants  que malgré tout ce dernier ne se désengage pas, l’important ici est de constater que l’année 2013 va être difficile. Le VP M. Dupuy se défendit avec vigueur, rappelant à nouveau la stratégie de l’équipe présidentielle à savoir « wait and see » ou, si je le retranscris plus fidèlement, mettre l’Etat devant ses responsabilités sans vraiment le faire. Il est tout de même incroyable, de s’entendre dire par le rectorat, le jour du vote du budget, que l’Etat n’assumera pas le financement nécessaire, alors même que le ministère n’a pas donné (selon la présidence) d’informations à ce sujet à la fac elle-même! Elle est belle l’autonomie, elle consiste à voir le rectorat mieux informé que l’université et  tirer les oreilles de cette dernière sur la gestion du budget.
Puis ce fut au tour des étudiants de prendre la parole et d’exprimer leur choix de voter contre le budget. Pour ma part, je pense que la stratégie suivie par la présidence est incohérente au vu de leur prise de position et des politiques qu’ils se refusent d’appliquer, que de devoir assumer un déficit et bricoler tout au long de l’année (via les DBM : décisions budgétaires modificatives, sorte de collectif budgétaire) revient a s’infliger le même sort qu’en cas de refus de voter ce budget. C’est en ce sens que je me suis exprimé. Si il est évident que la tutelle du rectorat serait douloureuse, cela enverrai un signal fort, d’autant plus fort si plusieurs universités se retrouvent dans le même cas. Ca la fout mal comme dirait l’autre si l’Etat se met à gérer de fait des universités auxquelles il a donné « l’autonomie ». Et n’oublions pas que nous vivons dans une démocratie représentative (très imparfaite, on peut même discuter de savoir si nous sommes en démocratie mais ce n’est pas tant le débat), et que si l’Etat assume la purge via le rectorat, cela se paiera dans les urnes… et ceux qui condamnent ce qui se passe auront le mérite de ne pas l’avoir eux-mêmes exécuté !
Malheureusement, ceux qui condamnent en paroles ne le font pas toujours dans les actes.
Peut-être est-ce de l’insouciance, certainement pas de l’inconscience, mais nous avons voté contre le budget. Ceux qui tenaient cette position le matin changèrent d’avis l’après-midi. Nous aurions souhaité, être davantage soutenus, espérons pour le moins que nous avons été entendus
  
Quant aux paroles qui blessent, celles qui consistent à dire, alors qu’elles sortent de la bouche d’un directeur d’UFR, que les étudiants arrivent en conseil avec des « idées préconçues », butés et incapables de changer d’avis, qu’ils « s’opposent par plaisir » ; j’en dirais ceci : elles nient purement et simplement l’investissement des élus étudiants, leur droit et leur capacité à prendre position et à ne pas se conformer à celles des autres membres du conseil. Ces paroles insultantes signifient en réalité que les élus étudiants n’ont pas leur place dans un CA si ce n’est pour se soumettre aux décisions des grandes personnes. J’estime que de tels propos méritent des excuses de son auteur,  et qu’à l’avenir, elles ne doivent jamais se reproduire. Les autres membres du CA devraient d'ailleurs s'en offusquer un peu plus . Enfin, nous conseillons à son auteur, le grand, l'illustre, le magnifique Doyen Brisson, s’il s’agissait d’un moyen de persuasion, de changer à l’avenir de tactique et d’employer de réels arguments de fond. Il s'illustra déjà par le passé par son mépris de la représentation étudiante en général, et d'OSBIV en particulier. Spécifiquement lorsque nous, simples étudiants, osions s'opposer aux choix qu'il estime être les bons.

Parenthèse fermée, revenons au budget. Optimiste ou pas, le budget voté augure les politiques à venir, lorsque la présidence ne pourra plus freiner la dégradation de notre université déjà bien amochée, ce sera les étudiants qui en premier en paieront le prix. L'Etat ne voulant plus assumer ses responsabilités financières, la seule variable d'ajustement existante sera l'autonomie sur la fixation des droits d'inscription et les numerus closus en première année ou en master 1. Nous nous opposerons avec force à toute augmentation des frais d'inscription, ainsi qu’à toute instauration de capacité d’accueil!  

Amertume, inquiétude et déception, telles sont nos sentiments aujourd'hui. Les étudiants sont tous concernés par ce qui se passe. Nous devons, pour défendre notre université, nous rassembler davantage, se tenir au courant et veiller au grain. En attendant, n'attendons rien!


PS: Le budget au complet est disponible sur ce blog, ainsi que sa note de synthèse (recommandée pour avoir un aperçu générale).
PS: Élections pour renouveler les représentants étudiants au CA ce jeudi 6 décembre!
Pour être crédible et représentatif, nous espérons que la participation sera plus forte qu'à l'habitude.