mercredi 12 juin 2013

Le CA en conclave vote la fusion

 journée historique ou dix-neuf hommes et femmes engagèrent une communauté toute entière


Lundi 27 mai 2013, une date "historique" pour notre Université? 
Ah l'Histoire! Elle sacralise les grands moments et glorifie ceux qui les ont fait.

Nul ne peut ignorer que l'Histoire s’écrit à la plume de quelques uns pour le dessein du plus grand nombre.  
Ubuesque! Ainsi pourrait-on décrire l'histoire de la NUB. De là à dire que la démocratie a fréquemment été  bafouée, peu de pas sont à franchir.

Une après-midi électrique en perspective; un vote solennel pour un enjeu de taille. La fusion des universités  
ne peut se faire sans le consentement des administrateurs de Bordeaux IV. La responsabilités pèse sur les épaules des 31 membres de ce "conclave". 

Bien qu'un tel vote requiert de la sérénité, tout le monde ne l'entendait pas ainsi.
Et en arrivant aux abords de la salle des actes, un beau rassemblement  occupe le couloir qu'empruntent 
les gladiateurs. La couleur est annoncée, et les "non à la NUB" viennent perturber l'introduction du président Lung. Après des remerciements chaleureux adressés à son Vice-President C. Dupuy, le président étonnamment calme, mit en œuvre une tactique à l’épreuve de n'importe quel tempête. Admirable!

Soutenu par Rousset, le président prit le temps de lire un courrier écrit de la main du grand manitou socialo.
A l'instar des grands stratèges, Lung mena le CA avec une main de fer. Son introduction terminée, il invita 
les personnalités extérieures à délivrer leur opinion. 
Objectivement, les interventions des personnalités extérieures firent l'effet d'un rouleau compresseur.
Pour la NUB, ils usèrent de leur poids institutionnel pour certains et pour d'autres de leur lyrisme le plus efficace.  Furent ainsi convoqués J. Bodin, Cyrano ou encore Giuseppe Tomasi di Lampedusa. La puissance répétée des mots fut écrasante: "ce n'est pas le capital qui va décider pour une fois"; "un beau métissage"; "
Il n'y a de richesses que d'hommes"; "le choix du mouvement"... 
Encore un peu et nous aurions cru ces membres du CA touchés par la grâce.


Heureusement, ils se montrèrent humains. Ce fut le cas des "inconnus", non pas les célèbres comédiens car ici ils étaient quatre... L'un ne dit mot, un autre aurait mieux fait de faire pareil puisqu'il nous confessa la chose suivante: "J'avoue ne pas connaitre le projet" (No comment comme dirait l'autre). Puis il y eut le maire de Pessac et enfin M. Reiffers l'adjoint du maire de Bordeaux (maire dont j'ai oublié le nom, un ex-délinquant je crois). L'adjoint au maire UMP de Bordeaux ne put résister à la tentation viscérale des politiciens de se lancer des fleurs et de balancer une pic à l'attention de ses adversaires. En effet, après avoir félicité les Investissements d'avenir de la droite, il qualifia la loi MESR actuelle de "toute petite loi". Nous ne pouvons qu'avoir de l'admiration pour le politicien capable de nier sa responsabilité dans la débandade budgétaire des Universités et en même temps louer ses actions antérieures...

Avec leurs interventions, on assista à un véritable concours de citation dont la palme revient sans aucun doute à M. Cocula. Ce dernier invoqua l'auteur du Guépard, "pour que l'essentiel demeure, il faut que tout change". Particulièrement adéquate, cette formule est toutefois issue du personnage de Tancredi, le neveu du prince sicilien, qui dans la période trouble de l'unité italienne, décide avec une belle opportunité de renier sa classe, soutenir les garibaldiens avant de leur tourner le dos pour servir sa propre carrière politique. Ah l'opportunisme, quelle vertu!


Le rouleau compresseur passé, le président daigna confier la parole aux administrateurs représentants la communauté universitaire. Mais après une telle ferveur et manifestation de puissance, personne n'osa prendre la parole. Le blanc s'installa laissant quelques anges survoler la salle des actes. Puis, l'opposition à la NUB repris ses esprits. Chacun y alla de son petit discours pour exprimer sa position, votre serviteur ne dérogea pas à la règle. Notre position (qui sera annexé au PV du CA accessible sur le site de la fac) s'inscrit dans la continuité. Nous sommes opposés à la logique même de ce regroupement. Le mouvement de désengagement de l’État s'accentue, et à l'heure où l'austérité a gagné l'Université, les regroupements opérés vont conduire à achever le mode de financement classique. A ce titre, la croyance du directeur Brisson: "je ne crois plus aux financements récurrents" qu'il confessa pour justifier sa position de fusionner visa parfaitement juste. C'est précisément cela que nous reprochons à cette politique, et là où le directeur d'UFR fait fausse route c'est qu'il ne s'agit pas ici d'une question de croyance mais d'une certitude: la NUB sera une machine à aller chercher des financements sous forme de projet. Et tout cela est enrobé de la sacro-sainte ouverture de l'Université au monde extérieur. A bas les corporations universitaires! Faisons avancer l'Université à la carotte, une technique vieille comme le monde pour s'assurer qu'elle avance dans la direction fixée. A ce titre l'Idex est illustratif des financements de demain. Et lorsqu'on jette un coup d’œil sur la composition du jury international qui sélectionna les projets, on ne peut qu'être effrayé pour l'indépendance future de la recherche universitaire. Quelle légitimité à ce qu'un professeur d'Harward, un ancien dirlo de PSA, le responsable recherche d'Areva, etc.. décident des financements publics alloués aux Universités, et davantage de décider quels seront les mastodontes universitaires de demain? Quelle légitimité? Très peu, trop peu!


Le débat resta calme même lorsque l'intervention d'un professeur tourna au one-man-show. Parmi les critiques à la NUB, furent avancées notamment son manque de cohérence, l'absence de Bordeaux 3 ou encore la réticence (et même le refus) de la majorité des personnels BIATSS et des représentants des étudiants...
Enfin, ce fut l'épuisement des tours de parole, trois heures après le dernier cri des syndicalistes qui inaugura ce CA. Il était temps de voter...

Sans appel, la fusion remporta la majorité: 19P, 11C et 1Abs.



                               "-Que veux-tu? Attendons avec espérance et ne renonçons jamais à nos droits"
                                                                                                                                           A. Jarry