mercredi 23 décembre 2015

Compte-rendu du CA du 15 décembre

En ce 15 décembre, notre modeste association vient fièrement défendre la parole qu’elle porte auprès de nos seigneurs, de nos maîtres de l’Université de Bordeaux (UBx). Arrivant longuement à l’avance, je pu constater qu’environ une demi-heure avant le début du Conseil d’Administration (CA), de nombreux gorilles, au nombre de 8, vinrent prendre place à l’entrée du PJJ (place Pey-Berland) où se tenait le CA pour vérifier les entrées -ils ne seront plus là à ma pause clope. Je constate avec étonnement dans un premier temps leur nombre, puis dans un second temps que ceux-ci sont armés d’une ceinture contenant gants de frappe et spray lacrymogène. Rien de plus qu’une milice de la présidence ou la plus sincère expression d’une démocratie.

Commençons par le commencement. Je quitte le suzerain Ἀχιλλεύς pour le suzerain Lewis, on pourrait presque dire –d’un point de vue stricto-universitaire – que je m’anoblis. Une fois installé, je constate à mon grand étonnement la présence de Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux. Je pensais naïvement que celui-ci ne venait pas plus en CA qu’en CFVU.
Rentrons dans l’entrée. Alors que nous sommes six nouveaux élus (3 Inter’assos, 2 Unef, 1 OSB IV), je suis le seul à m’abstenir sur le vote du procès-verbal datant du mois dernier et dont je ne connais pas la teneur des débats. Ils doivent être plus forts que moi.

Acte I : Conventions

Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux, présente  deux conventions l’une avec le CHU et la seconde avec le SIGDU (qui « gère le domaine universitaire »). Nous n’allons pas nous attarder dessus mais nous noterons : l’intervention de Mister Belougne (CGT) se félicitant de la « coopération fructueuse » entre deux services publics bien qu’il faudrait une meilleure gestion des personnels ; et l’intervention de chef Wagner (le chef idéologique d’Inter’assos) qui revient sur le fait que les étudiants ne sont pas forcément toujours bien accueilli au CHU et relève ou révèle que certains d’entre eux ne sont pas payés et que d’autres reçoivent des huissiers envoyés par le CHU. Sûrement, le côté obscur de la force. Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux, reconnaît des limites mais l’ensemble est positif alors « camarades fonçons ». De toute façon, les conventions sont là à titre informatif.

Acte II : « le budget est aussi un acte politique »

Nous voilà face au point de l’ordre du jour retenant l’attention de l’assemblée. Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux, nous explique qu’il est là pour le présenter. Qu’en effet, pour lui, « le budget est aussi un acte politique ». Je me demande pourquoi le « aussi », enfin. Il expose le fait que si au niveau national c’est toujours le bordel, c’est un peu moins le oai au niveau local. Que cette année, il n’y aura pas de gels de poste et que la présidence souhaite déprécariser l’emploi (environ 1400 postes précaires sur 6000 au sein de l’UBx). Il annonce la mise en place de 51 CDI cette année et que le budget 2016 sera de 459.2 millions d’euros (si les dotations de l’Etat sont constantes). Il annonce aussi que lors du dernier conseil d’Ecole de l’ESPE, le budget interne a été retoqué, et qu’il va donc être imposé par le « central ».

 Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux, revient sur le fait que nous n’avons « pas le même rôle », qu’il cherche « à faire fonctionner au mieux » malgré le fait qu’Hollande ne fait pas de la jeunesse sa priorité et que l’enseignement supérieur (ESR) manque cruellement d’oseille. Chef Wagner (le chef idéologique d’Inter’assos) n’est pas satisfait (comme nous) de la baisse de 3% du budget de fonctionnement des composantes intermédiaires, on lui rétorque un « choix stratégique ». Votre serviteur, que je suis, demande pourquoi alors que le budget est constant, celui du FSDIE est amputé de 25% (!!), on me rétorque « choix politique ». Je me disais aussi.

Votons : 11 contre (dont votre serviteur ainsi que l’Unef), 5 abstentions (dont Inter’assos), 19 pour. Il faut savoir que le budget de fonctionnement du Collège SHS est amputé de 10% mais qu’Inter’assos n’a pas trouvé légitime de le contester en approuvant tacitement. Dans l’oreille, on me chuchote une explication, on me parle de « courage », ah non !

Acte III : plan de gestion

Nous allons faire vite sur le sujet, nous devons voter sur le plan de gestion décidé par la présidence dans le cadre de sa volonté de « déprécarisation ». On nous explique qu’une salarié titulaire coûte plus cher qu’un contractuel, jusque-là rien de nouveau sous le soleil. On nous annonce donc que tout le monde ne sera pas titularisé car l’UBx ne possède pas les moyens budgétaires pour l’assumer. Ce qu’il se passe donc : c’est la titularisation ou l’instauration de CDI de 88 postes pour la suppression de 111 postes. On peut donc dire –même s’il faut faire attention à la durée horaire des contrats- que nous sommes face à une suppression de postes déguisée. Comme l’a mis en avant le sociologue Serge Paugam, nous passons d’une « précarité de l’emploi » à une « précarité du travail » (car moins de travailleurs pour autant de boulot). Let’s go !

Votons : 6 contre, 7 abstentions, 22 pour.

Acte IV : soutenabilité de l’offre de formation

Le suzerain Lewis, discret lors de cette assemblée, rappelle la volonté de concevoir la nouvelle offre de formation pour la période 2016-2020 et rappelle que celle-ci devra être en baisse horaire de 5% (doit correspondre donc à 95% de l’offre actuelle). Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux, se lance alors dans un long monologue autour de sa conception de la pédagogie et de sa vision de la formation. Vision où votre serviteur se retrouve dans une large partie notamment lorsqu’il considère que « les enseignants doivent sortir de leur confort » pour explorer de nouveaux champs, de nouvelles pistes. C’est beau mais nous attendons des actes.

Néanmoins, les différents Collèges aujourd’hui n’ont pas présenté une offre de formation correspondant aux attentes de la présidence (notamment en ce qui concerne le volume horaire). Surtout, on constate une disparité énorme en fonction des Collèges, on peut parler d’Université à deux vitesses ! Même si le collège SHS est particulier car pratique les –odieuses- « capacités d’accueils » il va un brin plus loin que ce que l’université lui demande ; le Collège DSPEG qui n’a pas de capacité d’accueil n’atteint pas encore ses objectifs mais sans rapproche (il est environ à 101%) ; Quant au collège Santé c’est la fiesta, l’offre correspond à plus de 107% !


La vice-présidente à la Vie Universitaire, Nicole Rascle, pointe du doigt ces disparités dans « l’effort commun » et attaque frontalement le collège Santé, qui rappelons-le a un statut dérogatoire. Face à ces chiffres, je demande qu’est-ce qui sera décidé si les Collèges ne respectent pas leurs objectifs, on me répond « que le CA décidera pour eux ». Lors d’une prise de parole je montre l’absurdité des capacités d’accueils dans un établissement comme le nôtre, propos que partagera une majorité de l’assemblée. Brisons les vieux engrenages !


1 commentaire:

  1. "Rien de plus qu’une milice de la présidence ou la plus sincère expression d’une démocratie."

    Aller ratonner du pikachu, c'est à quel niveau sur l'échelle de la démocratie ?

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