En ce 15 décembre, notre modeste association vient fièrement
défendre la parole qu’elle porte auprès de nos seigneurs, de nos maîtres de
l’Université de Bordeaux (UBx). Arrivant longuement à l’avance, je pu constater
qu’environ une demi-heure avant le début du Conseil d’Administration (CA), de
nombreux gorilles, au nombre de 8, vinrent prendre place à l’entrée du PJJ
(place Pey-Berland) où se tenait le CA pour vérifier les entrées -ils ne seront
plus là à ma pause clope. Je constate avec étonnement dans un premier temps
leur nombre, puis dans un second temps que ceux-ci sont armés d’une ceinture
contenant gants de frappe et spray lacrymogène. Rien de plus qu’une milice de la présidence ou la plus sincère
expression d’une démocratie.
Commençons par le commencement. Je quitte le suzerain Ἀχιλλεύς
pour le suzerain Lewis, on pourrait presque dire –d’un point de vue
stricto-universitaire – que je m’anoblis. Une fois installé, je constate à mon
grand étonnement la présence de Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de
l'université de Bordeaux. Je pensais naïvement que celui-ci ne venait pas plus
en CA qu’en CFVU.
Rentrons dans l’entrée. Alors que nous sommes six nouveaux
élus (3 Inter’assos, 2 Unef, 1 OSB IV), je suis le seul à m’abstenir sur le
vote du procès-verbal datant du mois dernier et dont je ne connais pas la
teneur des débats. Ils doivent être plus
forts que moi.
Acte I :
Conventions
Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université de
Bordeaux, présente deux conventions
l’une avec le CHU et la seconde avec le SIGDU (qui « gère le domaine
universitaire »). Nous n’allons pas nous attarder dessus mais nous
noterons : l’intervention de Mister Belougne (CGT) se félicitant de la
« coopération fructueuse » entre deux services publics bien qu’il
faudrait une meilleure gestion des personnels ; et l’intervention de chef
Wagner (le chef idéologique d’Inter’assos) qui revient sur le fait que les
étudiants ne sont pas forcément toujours bien accueilli au CHU et relève ou
révèle que certains d’entre eux ne sont pas payés et que d’autres reçoivent des
huissiers envoyés par le CHU. Sûrement, le côté obscur de la force. Monseigneur
Manu 1er, roi des serfs de l'université de Bordeaux, reconnaît des limites mais
l’ensemble est positif alors « camarades fonçons ». De toute façon, les conventions sont là à
titre informatif.
Acte II : « le
budget est aussi un acte politique »
Nous voilà face au point de l’ordre du jour retenant
l’attention de l’assemblée. Monseigneur Manu 1er, roi des serfs de l'université
de Bordeaux, nous explique qu’il est là pour le présenter. Qu’en effet, pour
lui, « le budget est aussi un acte politique ». Je me demande pourquoi le
« aussi », enfin. Il expose le fait que si au niveau national c’est
toujours le bordel, c’est un peu moins le oai au niveau local. Que cette année,
il n’y aura pas de gels de poste et que la présidence souhaite déprécariser
l’emploi (environ 1400 postes précaires sur 6000 au sein de l’UBx). Il annonce
la mise en place de 51 CDI cette année et que le budget 2016 sera de 459.2
millions d’euros (si les dotations de l’Etat sont constantes). Il annonce aussi
que lors du dernier conseil d’Ecole de l’ESPE, le budget interne a été retoqué,
et qu’il va donc être imposé par le « central ».
Monseigneur Manu 1er,
roi des serfs de l'université de Bordeaux, revient sur le fait que nous n’avons
« pas le même rôle », qu’il cherche « à faire fonctionner au
mieux » malgré le fait qu’Hollande ne fait pas de la jeunesse sa priorité
et que l’enseignement supérieur (ESR) manque cruellement d’oseille. Chef Wagner
(le chef idéologique d’Inter’assos) n’est pas satisfait (comme nous) de la
baisse de 3% du budget de fonctionnement des composantes intermédiaires, on lui
rétorque un « choix stratégique ». Votre serviteur, que je suis,
demande pourquoi alors que le budget est constant, celui du FSDIE est amputé de
25% (!!), on me rétorque « choix politique ». Je me disais aussi.
Votons : 11 contre (dont votre serviteur ainsi que
l’Unef), 5 abstentions (dont Inter’assos), 19 pour. Il faut savoir que le
budget de fonctionnement du Collège SHS est amputé de 10% mais qu’Inter’assos
n’a pas trouvé légitime de le contester en approuvant tacitement. Dans l’oreille, on me chuchote une
explication, on me parle de « courage », ah non !
Acte III :
plan de gestion
Nous allons faire vite sur le sujet, nous devons voter sur
le plan de gestion décidé par la présidence dans le cadre de sa volonté de
« déprécarisation ». On nous explique qu’une salarié titulaire coûte
plus cher qu’un contractuel, jusque-là rien de nouveau sous le soleil. On nous
annonce donc que tout le monde ne sera pas titularisé car l’UBx ne possède pas
les moyens budgétaires pour l’assumer. Ce qu’il se passe donc : c’est la
titularisation ou l’instauration de CDI de 88 postes pour la suppression de 111
postes. On peut donc dire –même s’il faut faire attention à la durée horaire
des contrats- que nous sommes face à une suppression de postes déguisée. Comme
l’a mis en avant le sociologue Serge Paugam, nous passons d’une
« précarité de l’emploi » à une « précarité du travail »
(car moins de travailleurs pour autant de boulot). Let’s go !
Votons : 6
contre, 7 abstentions, 22 pour.
Acte IV : soutenabilité
de l’offre de formation
Le suzerain Lewis, discret lors de cette assemblée, rappelle
la volonté de concevoir la nouvelle offre de formation pour la période
2016-2020 et rappelle que celle-ci devra être en baisse horaire de 5% (doit
correspondre donc à 95% de l’offre actuelle). Monseigneur Manu 1er, roi des
serfs de l'université de Bordeaux, se lance alors dans un long monologue autour
de sa conception de la pédagogie et de sa vision de la formation. Vision où
votre serviteur se retrouve dans une large partie notamment lorsqu’il considère
que « les enseignants doivent sortir de leur confort » pour explorer
de nouveaux champs, de nouvelles pistes. C’est beau mais nous attendons des
actes.
Néanmoins, les différents Collèges aujourd’hui n’ont pas présenté
une offre de formation correspondant aux attentes de la présidence (notamment
en ce qui concerne le volume horaire). Surtout, on constate une disparité
énorme en fonction des Collèges, on peut parler d’Université à deux
vitesses ! Même si le collège SHS est particulier car pratique les
–odieuses- « capacités d’accueils » il va un brin plus loin que ce
que l’université lui demande ; le Collège DSPEG qui n’a pas de capacité
d’accueil n’atteint pas encore ses objectifs mais sans rapproche (il est environ
à 101%) ; Quant au collège Santé c’est la fiesta, l’offre correspond à
plus de 107% !
La vice-présidente à la Vie Universitaire, Nicole Rascle,
pointe du doigt ces disparités dans « l’effort commun » et attaque
frontalement le collège Santé, qui rappelons-le a un statut dérogatoire. Face à
ces chiffres, je demande qu’est-ce qui sera décidé si les Collèges ne
respectent pas leurs objectifs, on me répond « que le CA décidera
pour eux ». Lors d’une prise de parole je montre l’absurdité des
capacités d’accueils dans un établissement comme le nôtre, propos que partagera
une majorité de l’assemblée. Brisons les
vieux engrenages !